Le 11 novembre 2018, le patriarche Bartholomée a levé l'anathème de Mr. Mykhailo Antonovytch Denysenko (ex-métropolite Philarète), ancien Exarque de l'Église orthodoxe ukrainienne, se faisant appeler : "Patriarche de Kiev et de toutes les Ukraine-Russie". Ce dernier a été suspendu de son sacerdoce en 1992, puis anathématisé par le Patriarcat de Moscou en 1997, ce sujet relevant canoniquement de sa compétence. Cependant, le patriarche Bartholomée étant intervenu dans des affaires éloignées d'Istanbul a amnistié ce personnage iconoclaste! En cela, ses affaires récentes méritent un récit exhaustif à la fin du quel il sera nécessaire de se poser quelques questions.
Les parents du patriarche Philarète, années 20.
Pour certaines personnes, peu familières avec les réalités de la vie de l’Eglise sur l’espace post-soviétique, certains détails de la biographie du faux patriarche de Kiev Philarète peuvent sembler invraisemblables : un homme devenu prêtre, diront-ils, ne peut agir de façon si sacrilège et inconvenante aux yeux de n’importe quel chrétien.
Mais le fait est que l’Eglise est avant tout une institution sociale, qui porte en elle le sceau de tous les vices de la société. Et les serviteurs de l’Eglise ne sont, hélas, pas des anges du ciel sans péchés, et parmi les prêtres on rencontre même parfois de véritables vauriens, et des escrocs, et des parjures. L’histoire de Philarète en est une confirmation des plus éclatantes.
En somme, qui est Philarète ?
Exclus de l’Eglise orthodoxe, le citoyen Mikhaïl Denissenko a perdu le droit de porter le nom monastique donné en l’honneur de saint Philarète le Miséricordieux qui vivait au VIII° siècle. C’est pourquoi nous ne le nommerons pas Philarète, mais strictement selon son passeport, Mikhaïl Antonovitch Denissenko.
Ainsi, Mikhaïl Denissenko est né en janvier 1929 là où aujourd’hui, y compris avec sa bénédiction, coule le sang, au village de Blagodatnoïe du district d’Amvrosievo de la région de Donetsk.
A l’époque c’était un village prospère, au début des années 20, y fonctionnaient quelques forges, un moulin, une fabrique de beurre et la mine « Nezamojnik », à laquelle travaillait son père, Anton Denissenko. Sa mère, Mélania, travaillait comme simple trayeuse au kolkhose « Siatch ». Dans la famille, en plus de l’aîné Mikhaïl, il y avait encore trois fils. Une famille ordinaire d’habituels travailleurs de Donetsk durs à la peine, que les adeptes actuels du faux patriarche appellent maintenant avec mépris des « ouatinés » et des « doryphores ».
Le futur patriarche Philarète, étudiant au séminaire d’Odessa, 1947.
Pourquoi donc le komsomol Micha Denissenko lui-même, à sa sortie de l’école en 1947, a-t-il brusquement décidé d’aller étudier non à l’université, mais au séminaire d’Odessa ? En effet, à l’époque, c’était pour un croyant un acte, sans plaisanterie aucune, décidé et courageux qui exposait l’ancien écolier aux plus graves châtiments. Mikhaïl Denissenko lui-même, dans l’une de ses interviews, dit que la mort de son père au front en 1943 avait sérieusement influencé sa décision. Il y avait aussi une autre cause : pendant la Grande Guerre Patriotique, le village de Blagodatnoïe fut pris par les Allemands qui permirent aux paysans de restaurer la vieille église de saint Nicolas, fermée déjà au début de la collectivisation et transformée en silo à grains. Et cette église était devenue un véritable réconfort pour tous les gens qui avaient traversé les horreurs de la guerre, la perte des leurs et la peur de perdre tous leurs proches…
A ce propos, l’église saint Nicolas ne fut pas touchée non plus par les troupes soviétiques qui libérèrent Amvrosievka, l’église fut fermée une deuxième fois dans les années 60, lors des persécutions de Khroutchev.
Au début des années 90, l’église Saint Nicolas à Blagodatnoïe, ou plutôt ce qu’il en restait, était parvenue à un état complètement délabré.
Et pendant que les croyants s’occupaient de sa restauration, Mikhaïl Denissenko arrachait à Kiev des subsides pour la construction de son église, sur la place principale du village.
A présent, l’église des schismatiques reste vide : après que Denissenko a proclamé à tous vents que la population du Donbass doit racheter par son sang le « péché de fédéralisation », même ses plus dévoués adorateurs, qui caressaient l’espoir que Denissenko aiderait à résoudre les problèmes de routes défoncées et d’eau courante, se sont détournés du « patriarche ». Et où il va, là ? Au lieu de paroles de consolation et d’apaisement, qu’en temps de guerre les gens attendent tellement des représentants de toutes les confessions chrétiennes, ils entendaient seulement des malédictions sataniques et des cris démoniaques.
- Il ne faut pas penser que la population du Donbass est innocente de ses souffrances, pontifiait Denissenko du haut des tribunes. Elle est coupable. Et sa faute, elle doit l’expier dans les souffrances et le sang !
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Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2014, Blagodatnoïe fut tapissé de salves « rédemptrices » de « Grad »... Alors un avion jeta sur le paisible village deux bombes de 500 kilos. Les cratères qu’elles ont laissés sont si profonds qu’on peut s’y tenir debout.
Ensuite, sont entrés à Blagodatnoïe les exécuteurs du bataillon « Dniepr », qui le temps de leur brève occupation, laissèrent d’eux à jamais le souvenir sanglant.
- On attrapait les gens directement dans la rue et on leur donnait le choix : ou tu vas servir dans la Garde Nationale, ou tu vas creuser des tranchées, évoquaient les habitants du coin. On pouvait aussi les fusiller sur place. Ce qui était terrible, c’est qu’ils n’avaient aucune limite.
Et quelles limites pouvaient avoir les nazis, si le « patriarche » Denissenko les appelait ouvertement à tuer les séparatistes, affirmant que leur meurtre n’était plus un péché ?
- Peut-on, quand on défend sa terre, tuer et priver de la vie ? déclara Denissenko en juin 2015. Est-ce un meurtre ? Non, mes frères et mes sœurs, ce n’est pas un meurtre ! Et pas une violation des commandements de Dieu ! Ils ont vécu, mangé le pain ukrainien, ils ont reçu la vie, et maintenant, ils veulent rendre la terre qui ne leur appartient pas à la Russie…
Denissenko « bénit » également les exécuteurs du fameux bataillon de repris de justice « Tornado », que même le Bureau du procureur ukrainien qualifiait « d’organisation criminelle ».
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P.S. Nous espérons, maintenant qu'après la lecture de cette vie édifiante, le lecteur aura une compréhension plus juste de la situation de cet homme. Par conséquent, sans aborder pour l'instant les aspects ecclésiologiques et ce qui découle de cette situation et des relations entre Moscou, Kiev et Istanbul, une question se pose à chacun de nous concernant: " Philarète" : Sommes nous d'accord en tant que Chrétien Orthodoxe, fidèle à la Sainte Tradition de l'Eglise à entrer en communion avec cet homme et en tant que clerc, sommes nous prêt à concélébrer avec un des membres de son groupe dissident (schismatique) ou même à justifier les actions non fraternels (anti-canonique) de sa nouvelle hiérarchie: le Patriarcat Œcuménique de Constantinople ?
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