Les deux Larrons crucifiés à côté du Christ : deux voies distinctes

Le Seigneur Jésus Christ enseigna pendant trois ans et demi, et durant tout ce temps Il fut entouré d’une quantité de gens. Lui et Ses disciples n’avaient pas le temps de manger ni de dormir, nous rapporte l’Evangile.

Pourtant, dans les dernières heures, seules cinq personnes restèrent avec le Christ. Deux d’entre elles se tenaient au pied de la Croix : la Mère de Dieu et Jean, le « disciple que Jésus aimait ». Un autre, le centurion Longin, observait de loin le supplice : il commandait aux soldats et maintenait l’ordre. Enfin, il y avait les deux hommes crucifiés de part et d’autre de Jésus.

Contrairement à Lui, ils avaient mérité leur châtiment. C’étaient deux bandits. Comme l’avait prédit le prophète Isaïe sept cent ans auparavant, Jésus, à la fin de son voyage terrestre, était compté aux rang des malfaiteurs (Is 53, 12).

Tous les Evangélistes rapportent que le Sauveur fut crucifié entre deux condamnés. Mathieu et Marc précisent que les deux hommes injuriaient le Christ. Mais Luc raconte quelque chose en plus.

L’un des deux brigands, soudain, fit honte à l’autre en lui disant : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation? Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais celui-ci n'a rien fait de mal. Puis il s’adressa à Jésus Lui-même et lui dit : Souviens-Toi de moi, Seigneur, quand Tu viendras dans Ton royaume ! Et il entendit cette réponse : En vérité Je te le dis, aujourd’hui tu seras avec Moi au paradis. (Lc 23, 40-43).

D’après la foi de l’Eglise, ce brigand fut le premier à entrer au paradis. Ses paroles : Souviens-Toi de moi, Seigneur, quand Tu viendras dans Ton royaume, nous les entendons au début de l’un des offices du grand carème).

Qui étaient ces brigands, comment s’appelaient-ils et pourquoi avaient-ils été condamnés au plus cruel des supplices ? On ne le sait pas exactement. Il existe, certes, des récits apocryphes (qui ne sont pas inclus par l’Eglise dans le corpus des textes canoniques mais reconnus, si l’on peut s’exprimer ainsi, comme témoignages) racontant que ces deux mêmes brigands rencontrèrent la Sainte Famille lors de la fuite en Egypte.

La fuite en Egypte est dans l’Evangile. Le Roi Hérode s’inquiéta de la venue à Jérusalem de Mages venus se prosterner devant le Roi des Juifs qui venait de naître et envoya à Bethléem (où d’après la prophétie devait naître ce Roi) des soldats pour tuer tous les garçons âgés de moins de deux ans.

A ce moment-là, Joseph, la Mère de Dieu et l’enfant Jésus, prévenus par l’Ange, fuyaient en Egypte. Durant leur voyage, si l’on en croit l’un des apocryphes, des brigands les attaquèrent. Toutefois, l’un d’eux dit à ses camarades de ne pas faire de mal aux voyageurs. L’Enfant aurait alors dit en s’adressant à Sa Mère : « Dans trente ans, ô Mère, les Juifs me crucifieront à Jérusalem, et ces deux brigands seront pendus sur la croix : Tite à droite et Dumakh à gauche. Le lendemain, Tite entrera avec moi dans le Royaume des Cieux».

Le bon larron sur les portes diaconales de l’iconostase. Moscou. 1560

Deux autres récits racontent que sur le chemin de l’Egypte, la Mère de Dieu nourrit un autre enfant, fils d’un bandit. Ce serait lui qui, ayant grandi, se serait repenti sur la croix.

Que ces histoires correspondent ou non à la réalité, elles n’enlèvent rien à la signification de l’événement raconté par l’Evangéliste Luc. La conversion du brigand survint soudainement, sans aucune cause extérieure. Tous ceux qui passaient par là se moquaient de Jésus, mais cet homme, peu enclin au sentimentalisme, vit soudain en Lui une victime innocente, et un Dieu…

Le brigand endurait lui aussi d’atroces souffrances physiques mais il reconnaissait qu’il n’avait plus rien en dehors de ces quelques heures de souffrances avant de mourir. Il est étonnant de constater que durant ces derniers instants de vie terrestre, il eut assez de force d’esprit pour se concentrer, non sur lui-même, mais sur l’Autre. Sur Celui qui était crucifié sur la croix voisine. Soudain il vit l’abîme gigantesque qui le séparait, lui, qui avait commis dans sa vie quantité d’actes horribles et illicites, avec Celui qui endurait le même châtiment sans aucune raison.

Bien sûr, le brigand n’avait aucune idée du Royaume divin, c’est pourquoi il fit au Juste en train de mourir à côté de lui la plus humble des prières : qu’au moins il se souvienne de lui dans ce Royaume.

Il reçut le salut. Car Celui à qui il adressait cette prière était Dieu Lui-même.

Jusqu’à son dernier soupir, l’homme a la possibilité de se repentir sincèrement et d’accéder au salut, quel que soit son péché. D’un autre côté, même devant la mort, un homme peut rester sourd et aveugle et ne pas voir Dieu, même si Celui-ci est tout proche…

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