La résurrection de la fille de Jaïre. 24e dimanche après la Pentecôte.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit!

Aujourd’hui l’évangile nous donne le récit de deux miracles du Seigneur : la guérison d'une femme que nul effort humain, nul savoir humain, nulle bonne volonté humaine ne pouvait aider ; et d’autre part sur le fait qu’en réponse à la prière des parents et à leur chagrin le Christ Sauveur a rappelé à la vie une jeune fille.

Il y a beaucoup de récits dans l’Evangile sur les miracles du Seigneur : chacun d’eux, qui est aussi une réalité historique, nous dit quelque chose de nous-mêmes. Jour après jour, des miracles sont accomplis par Dieu pour chacun de nous : par la force divine nous sommes maintenus en vie, par la force divine nous guérissons de nos maladies, par la force divine nous passons du désespoir à l’espérance et du péché nous revenons à une vie pure et illuminée. Ce sont les mêmes miracles que la guérison des corps. Nous y sommes habitués, nous trouvons cela normal parce que le Seigneur nous entoure sans cesse de Sa miséricorde, de Son amour et de Sa force créatrice et renouvelante. Or, s’il arrive à une autre personne quelque chose de semblable à ce qui nous arrive constamment, il nous semble que cette personne est devenue foncièrement mauvaise, qu’elle s’est complètement obscurcie, qu’elle est morte spirituellement et qu’aucune force – ni les arguments, ni les menaces, ni les supplications, ni l’amour ne la ramèneront à la vie et voila que comme les personnes qui entouraient la couche de la jeune morte de douze ans, nous disons au Seigneur : Tu ne peux rien faire, pourquoi donc es-Tu venu ? Que peux-Tu faire : cette personne est morte, elle ne reviendra pas à la vie…Nous oublions la fille de Jaïre, nous oublions l’enfant que le Seigneur a ressuscité à Nain, nous oublions Lazare. Mais le plus important, nous oublions que le Seigneur nous ramène sans arrêt de la mort à la vie : du péché, du mal, du désespoir, de l’assombrissement de l’âme, de ce que rien en nous ne semble subsister de vivant et que nous allons tels des cadavres… En examinant ce récit, on voit le Christ qui se rend dans la maison du malheur, - dans cette maison où se trouve un véritable chagrin, celui de la mère, du père, des vrais amis et une souffrance commune, une compassion des autres - et on entend ce que les gens Lui disent : « Pourquoi es-Tu venu ? Elle est morte !... ». Le Christ ne prend avec lui que trois disciples qui par leurs récits et leurs vies représentent : pour Pierre, la foi ; pour Jean, l’amour et pour Jacques la justice. Il prend aussi avec Lui la mère et le père qui représentent le chagrin à l’état pur. Dans ce contexte de foi, d’espérance, de pureté et de prière authentique pour une cause authentique et réelle, le Christ fait revenir la morte à la vie.

Cela pourrait arriver à tout moment autour de nous: je ne parle pas de la résurrection des corps mais du retour des âmes humaines. Mais nous nous plaçons tellement souvent entre le miracle et l’homme en disant : « est-ce bien la peine de nous adresser à Dieu, que peut-Il faire ?... ». Il y a quelques années, je parlais d’une personne en évoquant la possibilité pour elle de revivre, de devenir quelqu’un de nouveau, de créatif, mais on m’a répondu : « Aucune force ne pourra faire d’elle une personne !... ». Je me suis alors adressé à celui qui parlait et je lui ai demandé : « Dis-moi, est-ce que le Seigneur n’a rien fait dans ta vie ? Est-ce qu’il ne t’a pas changé en profondeur lorsque Tu t’es adressé à Lui ? ». Alors cette personne m’a répondu : « Oui, depuis que je suis orthodoxe, tout est nouveau ». J’ai dit : « Et après cela tu oses dire que le Seigneur est impuissant à faire revivre quelqu’un d’autre ?... »

Méditons ces situations : celle de l’évangile et celle dont je viens de vous parler : méditons parce qu’il y a autour de nous une quantité innombrable de personnes qui ont besoin de revivre, de se renouveler, de devenir de nouvelles personnes, mais nous ne les amenons pas au Christ : nous ne leur disons pas que tout est possible, nous ne les éclairons pas de cette espérance, de cette foi et de cette inspiration qui peuvent tout embraser de telle façon qu’il ne reste plus que feu et lumière.

Méditons à cela, et lorsque nous rencontrerons une personne qui nous paraît morte, nous l’amènerons vers Celui qui est la Vie, la plénitude de vie de l’amour. Amen.

Mgr Antoine (Bloom) de Souroge

20 novembre 1983

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