Parabole du riche insensé. 26e dimanche après la Pentecôte.

Au nom du Père et du Fils et du Saints Esprit!

La fin de l’Evangile de ce jour nous avertit de quelque chose que nous devrions toujours avoir à l’esprit : que la mort est là juste derrière nous et que beaucoup, beaucoup de ce que nous faisons disparaîtra après nous, comme étant superflu et vain.

Toutefois, cela signifie-t-il que l’avertissement du Christ sur la mort qui guette doit nous effrayer et nous priver de notre force de création ? Non, bien au contraire ! Les Pères disaient : « Garde toujours le souvenir de ta mort ». Non pas dans le sens que nous devrions craindre cette mort et vivre comme sous une ombre menaçante. Mais dans le sens où seule la conscience que la vie est courte et qu’elle peut s’achever à n’importe quel instant est en mesure de donner à chaque instant une signification définitive. Seule cette conscience peut donner à la vie entière le souvenir qu’il faut se hâter de faire le bien, de vivre de telle façon que lorsque la mort nous surprendra, elle nous prendra au moment du triomphe de la vie.

Quelque soit la façon dont nous vivons, la profondeur et l’intensité avec laquelle nous vivons, si cette conscience était en nous constamment, si nous savions que les mots que je vous dis aujourd’hui pourraient être les derniers : avec quelle force je les prononcerai et vous les écouteriez ! Si l’un d’entre nous avait conscience que la personne avec laquelle il est en train de parler peut mourir dans quelques minutes, comme il prendrait soin d’elle afin que ses paroles, les actes qui lui sont adressés soient l’accomplissement de tout l’amour, de tout le soin dont il est capable, afin qu’ils soient le triomphe de tout ce qu’il y a de plus grand entre lui…

Nous vivons mal dans la mesure où nous disons des paroles vaines et amères, des mots morts ; dans la mesure où nous accomplissons des choses qui sont ensuite comme des plaies dans nos cœurs, qui nous brûlent. Dans la mesure où nous vivons comme si nous n’écrivions que l’ébauche de notre vie, une vie que nous vivrons « un jour », plus tard, lorsque nous pourrons transformer ce brouillon en un récit achevé. Pourtant, ce n’est pas ainsi ; la mort vient, l’ébauche reste un brouillon, la vie n’est pas vécue mais seulement gâchée, et il ne reste que des regrets sur l’homme qui aurait pu être grand et s’est avéré être si petit et insignifiant…

Voila de quoi parle l’Evangile d’aujourd’hui : il ne nous dit pas que nous devons craindre la mort, mais qu’elle peut arriver à n’importe quel instant. Chaque instant doit être parfait, chaque mot doit être une parole de vie, afin qu’y souffle l’Esprit et qu’il atteigne l’éternité. Chacun de nos actes envers l’autre doit être tel qu’il donne la vie et exprime toute la plénitude, toute la force d’amour, toute la vénération qui devrait être en chacun de nous dans sa relation autrui.

Méditons à cela, et s’il en était ainsi, chacun de nos actes, chaque parole accéderait à l’éternité et brillerait à jamais. Amen.

Mgr Antoine (Bloom) de Souroge


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