Etrangement, très peu de passages dans l’Evangile mentionnent la Mère de Dieu. Si l’on exclut les premiers chapitres de Mathieu et de Luc, qui racontent la Nativité et l’enfance du Sauveur, la Mère de Dieu n’est mentionnée qu’à de rares occasions : les noces à Cana de Galilée et la délicate intervention de la Mère auprès Son Fils : ils n’ont plus de vin (Jn 2, 3), une fugace apparition dans l’une des synagogues de Capharnaüm et une tentative d’appeler Jésus à l’extérieur...
Enfin, sa présence au pied de la Croix sur laquelle son Fils est condamné par une foule déchaînée.
Un peu plus de trente ans auparavant, la Très Sainte Vierge avait entendu une prophétie qu’elle avait soigneusement gardée en mémoire. Cela s’était passé au même endroit, à Jérusalem. Marie et Joseph avaient amené l’Enfant Jésus au Temple afin d’accomplir le rite d’usage : consacrer à Dieu leur Fils premier né. Au temple, le vieillard Syméon les attendait. Tout d’abord, il rendit grâce à Dieu qui lui avait permis de voir de ses yeux le Sauveur du monde nouveau-né, puis il se tourna vers Sa Mère et dit : Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de coeurs soient dévoilées. (Lc 2,34–35).
Cette prophétie s’accomplissait en ce moment même, sur la Croix. On y avait crucifié Celui qui n’était pas seulement le Fils de Dieu, mais le Fils de l’Homme, chair de sa chair. Elle l’avait porté dans ses bras et serré contre son cœur. Et lorsque les soldats romains plantèrent des clous dans Ses pieds et Ses mains, ces clous lui transpercèrent le cœur.
Toutefois, la Mère de Dieu était prête pour cette épreuve. Elle était prête depuis le jour où l’Archange Gabriel était venu Lui annoncer la naissance de l’Enfant qui serait grand et appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de fin. (Lc 1, 32-33). Marie lui avait alors répondu : Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! (Lc 1,38). A cet instant-là, elle avait fait son choix, auquel elle resta fidèle jusqu’au bout.
Selon les mots du saint martyre Grégoire (Lébedev), cette réponse de Marie constituait en un «refus humble et conscient de ses projets, de ses voies et même des désirs et des pensées allant contre la souveraineté divine». C’est pour cela que nous voyons si rarement la Mère de Dieu dans les pages de l’Evangile : elle n’avait pas d’intérêt, de projet ni d’activité qui soient distinctes de la vie de Son Fils. Elle Le suivait comme une ombre imperceptible. On ne sait pas à quel moment la Très Sainte Vierge est arrivée à Jérusalem, si elle est arrivée avec Jésus ou séparément, mais au Golgotha elle était auprès de Son Fils.
De tous les héros de l’Evangile, la Mère de Dieu est la seule qui n’eut pas besoin de faire un choix pendant ces journées tragiques. Ce choix avait été fait bien auparavant, une fois pour toutes.
Lorsque le Christ ressuscita, et que quarante jours plus tard il s’éleva dans le Ciel, elle continua de servir humblement Son Fils, voyageant de par le monde et témoignant de Lui avec les apôtres.